Bien que le PCRS ait été pensé pour un usage en particulier, de nombreuses autres pratiques ont désormais vu le jour. Comme nous avons pu l'évoquer lors de l'atelier en ligne du 30 juin dernier, les collectivités et acteurs de la société civile se saisissent de ces ressources pour alimenter différents processus.
Toutes les utilisations prévues ou non du PCRS nécessitent d'avoir accès à une solution de diffusion efficace, parfois coûteuse. Pourtant, les obligations faites aux producteurs portent uniquement sur la publication, c'est à dire l'accès aux ressources en masse, sans service à valeur ajouté.
Nous cherchons alors à déterminer dans quel cadre l'écosystème entier pourrait mieux s'organiser pour rendre cette diffusion plus opérationnelle.

Pratiques actuelles

Jusqu'à récemment, la diffusion du PCRS est principalement opérée par deux acteurs bien identifiés :

L'IGN via le Géoportail puis la Géoplateforme
Certains animateurs régionaux

Les acteurs régionaux ont développé des socles techniques qui leur sont propres et développent des offres de services légitimement à destination de leurs adhérents. Pour autant, c'est un travail d'envergure qui nécessite des compétences internes conséquentes.
Ces socles régionaux sont peu évolutifs et pour certains dirigés vers l'usage anti-endommagement, prioritaire et fondateur du PCRS. D'autres usages vont motiver des évolutions techniques qui ne sont pas forcément aisées ou prévues. Ces démonstrateurs sont toutefois nécessaires pour progresser et riches d'enseignements pour envisager une suite plus globale.
La question du transfert des éléments les plus lourds est aujourd'hui traitée par l'envoi de disques durs, ce qui peut s'avérer peu pérenne et nécessite une logistique particulière.

Perspectives techniques

Nous nous situons à un moment charnière en matière de diffusion du PCRS. Nous pensons que nous serons collectivement capables de saisir les opportunités qu'il présente en construisant une communauté et en proposant un socle technique partagé favorisant la mutualisation.
Les portails nationaux auront toute légitimité de prospérer en réutilisant autant que nécessaire des composants de ce socle et bénéficiant des synergies ainsi créées bien plus facilement qu'aujourd'hui.
Les acteurs locaux ou régionaux pourront alors selon leurs moyens déployer plus facilement les outils de transfert et de diffusion standardisés. Les compétences nécessaires à leur déploiement peuvent être apportés par des prestataires accompagnants ou bien par des agents mutualisés entre plusieurs organisations.

Une nécessaire sobriété

La notion de sobriété numérique a été consacrée par la loi REEN de 2021 prévoyant de réduire l'impact des services numériques exploités par l'état et les collectivités. Ces impacts résident pour 80% dans la fabrication du matériel utile à ces services.
Dans cet article, nous envisageons de nous en inspirer en sélectionnant les solutions les plus économes sans limiter les usages qui présenteraient d'autres externalités positives par ailleurs.
Cela prévoit par exemple de penser aux stockages froids pour les données qui ne seraient pas utiles au quotidien. C'est le cas des clichés orientés et des nuages de points lidar. Des modes de stockages de longue durée comme les bandes magnétiques de grande capacité, moins coûteux en matériel que les disques durs peuvent convenir.

Le compromis des formats d'imagerie

En matière de PCRS image, nous recommandons l'usage du GeoTIFF, compression non destructive certes 4 à 5 fois moins efficace que le JPEG2000 qui posera d'autres problèmes de concurrence entre différentes solutions propriétaires.
La mise à disposition de catalogues et de miniatures peut être utile pour les contenus non prioritaires conservés sur stockage froid, pour permettre leur découverte puis accès à la demande.

Privilégier la référence vectorielle

Relativement au PCRS vectoriel, le stockage des données brutes comme celles destinée à l'exploitation est négligeable, les critères de choix se posent différemment.

Le format GML à privilégier d'après le géostandard n'est pas adapté pour une exploitation quotidienne, il représente néanmoins la référence. Nous recommandons donc de conserver les fichiers GML comme référence et de charger leur contenu au plus près des autres référentiels géographiques de votre organisation, idéalement en base de données.

Le choix des pyramides de tuiles

Particulièrement pour les PCRS image, nous avions précédemment identifié que le choix des projections avait un impact sur le volume total d'une pyramide de tuiles. En pseudo-Mercator (EPSG 3857) par exemple, il n'existe pas de zoom adapté à la résolution 5cm/pixel en offrant respectivement 7 et 3.5 cm/pixel aux zooms 21 et 22.
Il est toujours possible de choisir une projection permettant le 5cm/pixel pour les usages nécessitant une précision maximale du PCRS ou bien de rester en pseudo mercator en se limiter au zoom 21 pour les usages pouvant s’accommoder de cette précision.

Les coûts

Suivant la nature du PCRS concerné, les quantités de données à stocker ne sont pas les mêmes. Les clichés orientés représentent le plus gros volume, suivis par les nuages de points Lidar du PCRS vecteur et par les clichés orthorectifiés puis le livrable GML vecteur.

Cependant suivant l'usage, qui se porte davantage sur les livrables finaux qu'intermédiaires, nous ne considérons ici que les coûts associés à ces livrables finaux. Différentes solutions techniques peuvent convenir et le stockage objet, à chaud, est particulièrement adapté pour la production de services à valeur ajoutée, du téléchargement de tuiles à la diffusion en flux.

Des coûts de stockage

D'après les hypothèses détaillées ci-dessus, nous envisageons un volume total de 390 To d'orthophotographies pour couvrir l'ensemble de l'hexagone et la Guyane (un millésime par projet, hors millésimes obsolètes). Il s'agit d'un stockage à chaud, permettant de produire des services, puisqu'il s'agit des livrables finaux.
Nous constatons que les fournisseurs français de solutions de stockage adaptées savent proposer un tel volume pour 2 700 € / mois soit moins de 40 k€ / an.

A cela doivent s'ajouter les coûts du trafic qui dépendent de la fréquentation et de l'usage des téléchargements effectifs.

Des coûts de diffusion

La diffusion demande une préparation supplémentaire des données de base pour être utilisables, tant pour les vectoriel que pour l'imagerie. C'est à dire avec une capacité de calcul ponctuelle qu'on ne maintiendra pas de manière permanente et un stockage supplémentaire de l'ordre de 120% du volume initial à prévoir (pour des pyramides de tuiles, par exemple).

Peuvent s'y ajouter le matériel et sa disponibilité adéquate pour un tel service (si nécessaire) ainsi que le trafic associé aux flux servis.

Calculette

Nous souhaitons en outre en faciliter le calcul via la standardisation des composants techniques. Nous vous proposons la calculatrice suivante pour personnaliser les différents postes en conformité avec votre projet pour établir un ordre de grandeur approprié du stockage nécessaire à la publication du PCRS, à l'exclusion de tout autre usage pour l'instant.

C'est encore expérimental et nous pourrons être amenés à la compléter avec différents autres services au fil du temps si ce mode d'expérimentation séduit.

Conclusion

La diffusion du PCRS est appelée à être renforcée dans les semaines à venir, sous la demande d'usages de plus en plus riches et variés. Ces progrès doivent faire l'objet d'une volonté affirmée et être entretenus par les actions de l'écosystème entier. Ces différents usages se doivent d'accéder à des ressources uniformisées pour garantir un niveau de disponibilité commun, avec l'assurance d'une certaine qualité.

Si les dispositifs nécessaires sont conséquents, leurs mainteneurs n'auront pas à subir des coûts si importants qu'annoncé en choisissant les solutions les plus indiquées.
On veillera par ailleurs à ne maintenir en ligne que ce qui est utile en adaptant les moyens de stockage aux usages qui sont les plus importants.